Interview : Pierre Durand

27/08/2020

Même s'il est inutile de le présenter, nous allons faire un bref résumé de son fabuleux palmarès; Pierre Durand c'est 4 médailles d'argent, dont 3 par équipes, 6 médailles d'or dont 1 par équipes. Deux fois 2ème de la finale coupe du monde avec Jappeloup De Luze et bien d'autres médailles à son palmarès... 

Rencontre avec ce cavalier à la simplicité hors du commun qui a accepté de répondre à quelques-unes de nos questions;

 Monsieur Durand, Des chevaux et des poneys ont surement marqué votre vie? Pouvez-vous nous parler d'un en particulier? Hormis jappeloup bien- sûr! ! 

​ "Ma toute première jument, offerte par mon grand père paternel, a été ma première grande histoire d'amour avec un cheval. Elle s'appelait Bonita. J'ai beaucoup pleuré quand elle est partie et aujourd'hui encore, je m'inquiète de savoir comment elle a fini." ​ 

-Vous a avez écrit plusieurs livres sur jappeloup, lequel conseillerez-vous aux abonnés qui ne connaisse que jappeloup au travers des résultats et du film ? 

​ "Je conseille la lecture de mon dernier livre « Jappeloup » chez Michel Lafon. Il plaît beaucoup et c'est déjà vendu à plus de 21 000 exemplaires. Je l'ai écrit et c'est notre histoire avec Jappeloup, vu de l'intérieur et sans le prisme déformant des commentateurs en tout genre. "

 -Vous avez foulé les plus belles pistes, les plus belles épreuves, beaucoup de victoires mais aussi certaines déceptions, quels conseils donneriez-vous aux jeunes cavaliers ? 

​ " Des conseils, il y en aurait tant. Et même quand on les transmet, ils ne sont pas souvent appropriés par ceux là même qui les demandent. Chacun finalement doit faire ça propre expérience. Si je devais me limiter à un seul conseil d'ordre général, je dirais : « Ne jamais rien lâcher et toujours y croire. »"

 -Prenez-vous encore le temps aujourd'hui de monter à cheval ? Organisez-vous des stages de perfectionnement pour les cavaliers ? ​

 "Aujourd'hui, je monte peu. On ne peut pas pratiquer l'équitation à moitié. Un cheval impose une présence quasi quotidienne et une relation étroite. Oui, je donne toujours des stages d'équitation."

​ -Nous avons pu vous retrouver en tant que commentateur pour beinsports notamment lors du jumping de Bordeaux que vous affectionnez tant en février dernier, quelle sensation cela vous donne d'être derrière le micro des grandes et belles épreuves que vous avez vous-même concourut dans le passé ?( moins de stress surement ...)

 "J'aime beaucoup commenter les compétitions équestres pour la télévision, hier pour Canal+, aujourd'hui pour Beinsports. Tout d'abord, cela me permet de rester dans le coup et de suivre l'évolution du haut niveau dans les disciplines équestres. Ensuite, cela me donne le sentiment d'être toujours un peu acteur des événements sportifs. En effet, je dois étudier au plus près les difficultés techniques notamment des parcours d'obstacles comme si je devais prendre part moi même à la compétition. Enfin, j'aime faire l'effort de rendre accessible notre sport par des commentaires simples et compréhensibles pour le plus grand nombre. C'est un effort de pédagogie indispensable si l'on veut gagner en audience et en visibilité." ​ 

-PARIS 2024, vous avez été engagé du début à la fin vous y avez mis tout votre cœur et surement beaucoup d'énergie rien détonnent quand on sait l'amour que vous portez aux Jeux Olympiques ... Quel rôle allez vous tenir en 2024? Aura t'on peut être le plaisir de vous entendre au micro pour commenter de belles épreuves ?

 ​ "Pour ce qui concerne les JO de 2024 Paris, j'ai en effet répondu avec enthousiasme à chaque demande du comité de candidature au cours de la phase de conquête de l'organisation des JO, où je jouais un rôle d'ambassadeur avec d'autres médaillés olympiques. Aujourd'hui un comité organisateur que l'on appelle le COJO, s'est substitué au comité de candidature. L'équipe organisatrice se met actuellement en place sous la houlette de Tony Estanguet, le Président. Il est bien évident que si je suis de nouveau sollicité, je répondrai favorablement, toujours avec le même entrain. Commenter les Jeux Olympiques de Paris serait un bonheur, mais ce sera dans 6 ans !" ​ 

Pensez-vous qu'avec l'évolution de l'équitation et notamment de la technicité des parcours Jappeloup aurait-il pu atteindre un tel niveau de nos jours ?( même si cela ne fait aucun doute pour nous ). ​

 " L'évolution technique des parcours aurait même était encore plus favorable à Jappeloup qui avait un respect naturel des obstacles et qui avait gagné par le travail, un gros bagage technique. En outre, les terrains qui sont de plus en plus standardisés au niveau des sols et de leurs dimensions plus restreintes, conviendraient parfaitement à la souplesse, à l'énergie et au petit gabarit de Jappeloup. La vraie question est le niveau de la concurrence qui s'est élargi même si les chevaux de grands talents contre lesquels il s'est battu restent parmi les meilleurs des cinquante dernières années (Flambeau, Deister, Big Ben, Gem Twist, Quito de Baussy et bien sûr son principal rival, Milton)." 


​ -Jappeloup est issu d'un croisement peu conventionnel en tout cas pour un cheval de grand prix .. Il n'y a eu aucun forfait pour problèmes de santé, ce qui est très rare de nos jours (voir impossible)  Pensez-vous que ce croisement a joué en sa faveur ? Niveau santé, robustesse ? (même si l'on vous connaît des soins particulièrement attentionné surtout très avant-gardistes pour l'époque..) 

​ " Je suis convaincu que le père trotteur français de Jappeloup lui a transmis la force, la résistance et la robustesse qui caractérise cette race. J'y ajouterai le courage et la générosité. Mais sa mère pur sang lui a aussi transmis de belles qualités : d'explosivité, de légèreté et de souplesse. Il a incarné le meilleur des deux races. Ce potentiel physique exceptionnel malgré sa petite taille, l'a épargné des coups durs de santé pendant toute sa longue carrière de 12 ans, dont 10 au plus haut niveau. J'ose espérer que mon entrainement complet et bien dosé, ma gestion très sage de sa carrière sportive et les multiples soins et attentions prodigués quotidiennement ont contribué à beaucoup le protéger. Une aussi longue et pleine carrière sportive ne peut pas s'expliquer autrement." ​ 

-Quel est votre cheval préféré du moment? Et pourquoi? ​ 

"J'aime bien Emerald, le cheval du cavalier hollandais Harrie Smolders. Il a toutes les qualités d'un cheval de sport, tout comme Ryan de Simon Delestre qui est un vrai crack. Il y a beaucoup de chevaux que j'aime même si je n'aurais probablement pas aimé tous les monter." ​ 

-Les chevaux ont des petites particularités (pour ne pas dire Défauts) qui ont le don d'exacerbé leur entourage sauf leur propriétaire qui lui s'en amuse la plupart du temps, quelle était celle de jappeloup ? Comment était jappeloup au quotidien? Quels étaient ses qualités et défauts ? ​

 " Dans mon livre, j'ose dire que Jappeloup était autiste. En effet, il était très introverti, froid, distant avec ses congénères et ne laissait rien percevoir de sa personnalité sauf au travail où il pouvait se montrer rebelle si je ne m'y prenais pas avec respect et empathie. En fait, il dissimulait une grande sensibilité et un naturel stressé. Quand je l'ai eu compris et que je l'ai entouré de beaucoup d'affection et d'attentions, tout en basant notre relation sur le jeu, il s'est ouvert peu à peu et notre relation est alors devenue fusionnelle. Une de ses manies était d'ouvrir les boxes dans lesquels il séjournait ; ce qui était problématique surtout en concours. Pour résumer, il était libre dans sa tête."


- Si vous deviez citer un seul de vos meilleurs souvenirs équestres, lequel serait-il ?

 ​ " Mon meilleur souvenir équestre reste mon titre de champion d'Europe en 1987, devant Milton." ​ 

Comment avez-vous travaillé vos chevaux au quotidien ? Quels exercices affectionnez-vous plus particulièrement ? ​ 

" Je consacrais beaucoup de temps au travail de dressage sur le plat de mes chevaux. J'ai assez vitre compris que plus on avait le contrôle et plus on était à la fois précis dans l'abord des obstacles et économe des efforts du cheval. Egalement, je consacrais beaucoup de temps à apprendre à mes chevaux la technique juste à l'obstacle. Ce que j'appelle leur donner « l'intelligence de la barre » par des exercices réfléchis et appropriés aux aptitudes de chacun. Enfin, je donnais à mes chevaux une excellente condition physique par des exercices en extérieur. Enfin, pour leur bien être mental et émotionnel, je veillais à leur bonne récupération des efforts et ils passaient chacun au moins deux heures en prairie chaque jour, sauf en cas de gros intempéries."

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